La liberté d’expression est-elle une liberté en péril ? Cette question a été posée à Christine Kelly. La rencontre avec cette animatrice télévisuelle à la notoriété grandissante a eu lieu à la Salle Gaveau. Pour l’IEP, les libertés individuelles sont des conditions du bien commun. Parmi ces libertés, la liberté d’expression tient une place importante… et Christine Kelly de la défendre ardemment. Selon elle, il faut défendre la liberté d’expression dans la limite de ce que la loi autorise…
« Mon rôle est de garantir la liberté d’expression dans les limites de la loi. »
« La limite de la liberté d’expression, c’est la loi. C’est justement le rôle du CSA où j’ai travaillé. La première mission du CSA et de veiller à garantir la liberté d’expression sur les 200 chaînes et 900 radios en France, dans le chaos du quotidien et dans le cas des limites de la loi. Je me suis posée sur ce siège depuis le 14 octobre 2019 non pas pour dire « je ne suis pas d’accord avec vous » car tous les journalistes le font… »
Quelles sont les limites de la liberté d’expression ? Pour Christine Kelly, c’est la loi
« En revanche, faire taire ses émotions laisser exprimer l’autre et l’arrêter aux portes de la loi ça c’est un autre exercice et je me suis inscrite dans cet exercice. Tout le monde se moquait de moi et tout le monde m’insultait, mais je me suis inscrite uniquement dans l’exercice de parer les balles avant de basculer au-delà des limites de la liberté d’expression. On me demande de juger à l’instant T alors que tous les membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel mettent deux mois, trois mois, quatre mois pour étudier une séquence… »
Mais la loi n’est pas une limite à la liberté d’expression en freinant ceux qui veulent s’exprimer différemment ?
« Un jour lorsque Éric Zemmour me dit, alors qu’on parlait du CSA que cet organisme allait faire une loi spécialement pour lui… Le jeudi 9 septembre 2021, jour de sa dernière émission parce qu’on avait fait une loi spécialement pour lui. (…) Prenons la condamnation d’Éric Zemmour qui avait dit justement exactement ce qu’a dit par exemple Gérald Darmanin plus tard : « «48 % des gens interpellés pour des actes de délinquance à Paris, 55 % à Marseille et 39 % à Lyon sont des étrangers». Eric Zemmour a été condamné pour avoir dit cela et aujourd’hui c’est un constat. Ce n’est pas parce que quelqu’un est condamné qu’il est forcément coupable et ce n’est pas parce que quelqu’un est coupable qu’il est forcément condamné. »
Question : Selon vous y a t-il un point qu’il faudrait changer dans les lois qui encadrent la liberté d’expression en France ?
« En matière de liberté d’expression, un seul point, bien garder le texte et l’appliquer. Ce n’est pas compliqué puisque selon le texte il faut justement avoir des désaccords et l’on peut aller jusqu’à choquer. Personnellement moi ça me choque lorsque la liberté d’expression choque ! Vous voyez ce que je veux dire. Mais la loi permet, autorise, donne quitus à quelqu’un qui choque avec la liberté d’expression. Si simplement on applique la loi, la démocratie se portera mieux. »
Christine Kelly, d’où vous vient ce goût de la liberté ?
« Je le raconte dans mon livre. J’ai cherché à savoir d’où me venait cette liberté je suis un peu comme Marc Menant assez rebelle, assez assoiffée de liberté… Toute petite, j’ai reçu une éducation extrêmement stricte (…) et sans cette éducation stricte, je n’aurais pas eu cette soif de liberté, ce goût du travail et le sens de la rigueur. Je dis toujours que l’important c’est qu’est-ce qu’on fait de ce qu’on a eu ? Ma soif de liberté je l’ai découverte quand j’étais toute petite : liberté géographique, puis le summum de la liberté, c’est la liberté d’expression, la liberté de penser. Est-ce qu’on a encore aujourd’hui notre liberté ? »
