Unité et Redressement de la France , « pour une politique enracinée dans le peuple »

par 30-08-2023Actions, Actualités, Politique

En 1988, l’un des plus grands sociologues français, Henri Mendras, démontrait la réalité d’une « Seconde Révolution française » à l’œuvre pendant les « Trente Glorieuses ». Il caractérisait cette révolution par l’urbanisation rapide de la France, marquant un bouleversement pour un pays jusque-là de culture rurale, et par une défiance à l’égard des institutions et des « canons » classiques de la démocratie représentative : l’Etat, l’Eglise, les partis politiques et les syndicats étaient remis en question par une mentalité dont le sociologue démontrait qu’elle se définissait avant tout comme « individualiste ». 

La crise de la jeunesse et des classes moyennes qui se manifeste aujourd’hui nous semble à l’évidence traduire la volonté de celles-ci de rompre avec cet individualisme. Cette révolte existentielle demande que la qualité des relations humaines soit remise à la première place, qualité des relations qui s’étend à l’ensemble des êtres humains, et de la nature pour les militants d’une écologie éthique authentique. 

De façon concomitante, les crises que le pays a connu ces dernières années ont mis au grand jour des dysfonctionnements dont la correction pourrait répondre à cette révolte existentielle : l’insuffisante prise en compte des attentes des petits entrepreneurs dans la conception des politiques publiques, alors que leur présence dans les villes et les campagnes fait le lien entre l’activité économique et son environnement, le besoin des enfants d’une implication plus forte de leurs parents dans leur éducation et scolarité, alors que beaucoup d’établissements scolaires ont renoncé à des relations approfondies avec les parents d’élèves, et bien sûr les limites d’un système de santé devenu monolithique au point de mettre les libertés en péril. 

L’Institut Ethique et Politique, fondé en 2011 dans le contexte de tensions politiques renforcées dont le pays peine encore aujourd’hui à sortir, suggère que la réponse à cette crise se trouve, non dans une « révolution » dans un sens ou dans l’autre, mais dans l’approfondissement de la notion de « bien commun » développée par la doctrine sociale chrétienne. 

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Cette notion n’est pas juridique, elle n’est pas un principe d’organisation ou de gestion de biens matériels. Elle définit la dimension sociale de l’éthique. A la lumière du « bien commun », la réalité de l’égalité, de la liberté, de la fraternité, de la confiance entre les personnes découle de la capacité d‘une société, d’une nation à favoriser le discernement par chacun de sa vocation. Cette notion de portée universelle est l’une des plus belles inventions du christianisme : elle s’adresse à tous, par-delà les croyances et les convictions. Elle donne des clés de discernement face aux défis de notre temps. 

Ce qui se faisait autrefois naturellement au sein de chaque famille ou même de façon personnelle, est maintenant influencé par l’Etat moderne et la technique qu’il développe. Il nous appartient aujourd’hui d’inventer une « nouvelle politique » où le rôle de l’Etat n’est pas d’imposer à tous, si besoin par la force, une conception ou une autre, mais de créer un cadre propice au discernement par chacun, dans le travail et l’engagement, de la manière dont il peut contribuer au « bien commun » dans sa vie personnelle, matérielle, intellectuelle, spirituelle, fraternelle. 

Faute de cette « nouvelle politique », l’action publique est aujourd’hui désemparée : malgré les progrès techniques, elle paraît condamnée à des renoncements, à des compromissions, à des approximations que, paradoxe apparent, elle ne parvient à imposer qu’en recourant à la force et même de plus en plus à la peur. 

Ce n’est pas par le haut que cette « renaissance politique » peut se faire contrairement à l’initiative du président aujourd’hui en associant les partis politiques mais par le bas avec la société civile. 

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L’individualisme qui s’est renforcé ces dernières années n’est cependant pas une fatalité : l’État peut lever les obstacles à des solutions ambitieuses aux problèmes de notre société en donnant davantage de place dans la définition et la mise en œuvre des politiques publiques aux associations ou entreprises et partenaires sociaux réunissant des compétences dans leur domaine d’action, aux familles soucieuses de l’épanouissement de leur enfant, aux médecins et infirmiers et personnes capables d’accompagner les patients dans leur intégrité humaine. Il s’agit de s’engager pour une société plus subsidiaire !

Nous proposons, dans l’année 2024 qui s’ouvre, pour rétablir le lien de notre démocratie représentative avec les forces vives de notre nation, de réunir des « Assises du bien commun ». 

Sur tout le territoire, responsables des grandes institutions économiques, de l’enseignement, de la santé, parlementaires et membres des administrations doivent être invités à se mettre à l’écoute des filières professionnelles, des partenaires sociaux, des associations des domaines éducatif, sanitaire, social, des représentants des entrepreneurs individuels et des élus locaux qui fréquentent quotidiennement ces acteurs de terrain. 

Ces Assises seront portés par les personnes conscientes des enjeux du « bien commun » et viseront à expliciter les attentes des organisations et collectivités souhaitant davantage participer aux services publics et les améliorer. Les différentes institutions de l’État seront invitées à proposer des méthodes de travail et des orientations permettant de soutenir chaque jour davantage les initiatives identifiées lors de ces Assises, et ainsi mieux ajuster la frontière et la qualité de l’intervention publique. 

L’institut Éthique et Politique a déjà identifier les difficultés à lever pour développer des initiatives pour le bien commun autour de quatre thèmes : l’Écologie, l’Éducation, l’État moderne, la Cohésion Nationale. 

Les différents courants politiques seront invités à participer aux réunions prévues dans 10 villes représentatives de la réalité française. Chaque réunion associera les organisations professionnelles, les associations, les spécialistes portant des initiatives traduisant les orientations proposées en action porteuses. 

Après une présentation de ces thèmes par un membre de l’IEP, des projets portés par leurs initiateurs, des freins identifiés, la discussion portera sur les actions à mener de façon à faire des propositions concrètes et réalistes. Ce travail préparatoire est décisif pour l’IEP dans son projet de mobilisation de la « société civile » dans la perspective des prochaines élections présidentielles de 2027. Des projets et des solutions pour faciliter un redressement peuvent être identifiées sans révolution. 

L’institut éthique et politique invitera tous les médias, à s’approprier ces sujets en lien avec le bien commun : les conclusions des réunions organisées seront rassemblées dans un document d’orientation pour l’unité de la France d’aujourd’hui à la fin de l’année 2024.

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