Les conséquences du réchauffement climatique sont-elles celles qu’on croit ?

par 10-01-2023Ecologie

Sècheresse, inondation ou cyclone meurtrier, les médias présentent ces « évènements extrêmes » comme des conséquences du réchauffement climatique. Mais en sont-elles vraiment ? Un évènement météorologique relève du court-terme alors que le très long terme relève des tendances climatiques. Que penser même de la hausse du niveau des océans, des épidémies et même de la baisse des rendements agricoles ? Quand les hommes politiques sont alors contraints d’accompagner la croissance des émotions publiques, il est intéressant de nous pencher sur les raisons de croire (ou de ne pas croire) que ces événements et les résultats de mesures sont vraiment des conséquences du réchauffement climatique.

Conséquences du réchauffement climatique : quelles sont-elles ?

Conséquences du réchauffement climatique : si la température augmente, les pics de haute température se multiplieront-ils ?

Les pics de températures extrêmes sont-ils des conséquences du réchauffement climatique de premier rang ? Le GIEC pose le problème autrement : « De nombreux extrêmes météorologiques et climatiques résultent de la variabilité naturelle, dont El Nino… Même si ces derniers n’existaient pas, une large variété d’évènements météorologiques… extrêmes se produiraient tout de même»[1]. Les USA disposent des données météorologiques de 725 stations sur 120 ans. Le Climate Science Special Report (CSSR)[2] les a analysées : il n’y a aucune tendance significative à la hausse sur cette période et les années 1930 ont été sujets à de nombreux pics de température records.

Que penser des pics de températures basses ?

Selon certains médias ont pu titrer que la fonte des glaces polaires, qui est bien une des conséquences du réchauffement climatique, inverserait la circulation du courant atmosphérique de haute altitude qui ondule autour du pôle Nord, le Jet Stream, provoquant ainsi des records de température froide. Cette rumeur est infirmée par le même CSSR qui montre que, au contraire, ces records diminuent régulièrement depuis 120 ans. Mais, pour autant, les périodes neigeuses seraient-elles de plus en plus longues ? Un rapport de l’agence américaine National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) montre au contraire une diminution du manteau neigeux moyen de 1967 à 2020[3].

conséquences du réchauffement climatique

Inondations, sècheresses et feux de forêts : autres conséquences du réchauffement climatique ?

Il parait plausible d’imaginer un cycle hydrologique évaporation-nuages-précipitations s’intensifiant avec la hausse moyenne des températures et que ce soit une des conséquences du réchauffement climatique qui serait ainsi responsable d’une plus grande fréquence des inondations. Ce doit être une vision simpliste puisque le GIEC l’élimine en disant que « il y a une faible confiance concernant le signe de la tendance en termes de magnitude et/ou de fréquence des inondations à l’échelle mondiale »[4]. Mais alors, si les précipitations ne sont pas plus abondantes, seraient-elles plus violentes ? Le GIEC parle également d’une « faible confiance dans la tendance des phénomènes sévères à échelle réduite comme la grêle et les orages » [5]. Il affirme, dans le même rapport, « avec une confiance élevée, que des inondations plus importantes que celles qui ont été enregistrées depuis le 20e siècle se sont produites pendant les 500 dernières années en Europe et en Asie orientale »[6].

La fréquence des sècheresses compte-t-elle parmi les conséquences du réchauffement climatique ?

Il est encore plus difficile de parler des sécheresses comme conséquences du réchauffement climatique car elles résultent, certes, d’une absence de précipitation, mais impliquent des combinaisons de température, d’humidité du sol et de son potentiel de ruissellement, l’irrigation, ou non, à partir de nappes phréatiques. Pour le GIEC, « il y a une faible confiance concernant la tendance observée à l’échelle mondiale de la sècheresse depuis le milieu du 20e siècle »[7]

Le GIEC fournit les courbes du PDSI[8], combinant les précipitations et la température, dans le sud-ouest des USA sur plus de 1200 ans.

Elles montrent des méga-sécheresses dans les années 900 et 1300 qui ne peuvent être associées au fait que la planète était plus chaude à l’époque. Le GIEC le dit explicitement : « l’impact actuel des influences humaines semble faible par comparaison avec la variabilité naturelle »[9]. Le GIEC ajoute : « Nous pouvons affirmer avec une grande confiance que les sécheresses, au cours du dernier millénaire, ont été d’une ampleur supérieure et d’une durée plus longue que celles qui ont été observées depuis le début du 20e siècle dans de nombreuses régions »[10].

… et l’incidence des sécheresses sur les feux de forêt ?

La corrélation entre température planétaire et incendies, par exemple récemment en Californie ou Australie, pourrait paraître évidente et faire des feux de forêt des conséquences du réchauffement climatique. En réalité, c’est l’inverse ! Une étude de 2020 explique comment « les populations ayant augmenté dans les régions d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Asie centrale, où sévissaient souvent des incendies, … les habitudes ancestrales d’écobuage ont été plus ou moins abandonnées pour éliminer les buissons et nettoyer le terrain …, au lieu d’avoir recours au feu on utilise de plus en plus de machines pour nettoyer le terrain » [11]. Cette pratique de débroussaillement des sols par le feu était souvent mal contrôlée. La réduction de de cette pratique a donc des effets bénéfiques sur le nombre d’incendies.

Entre 1998 et 2015, les surfaces incendiées ont diminué

Des capteurs sophistiqués placés sur des satellites confirment d’ailleurs que les superficies ayant brulé chaque année ont diminué de 25 % entre 1998 et 2015[12]. Quand localement, dans des pays développés en particulier, on observe une augmentation des incendies dévastateurs, il convient de s’interroger : quelle quantité de combustible a-t-on laissé s’accumuler ? Les feux ont-ils été immédiatement combattus ?

conséquences du réchauffement climatique

Tempêtes, cyclones, ouragans, typhons : troisième catégorie de conséquences du réchauffement climatique ?

Les ouragans océaniques se forment le long de l’Équateur puis se déplacent vers les pôles, la plupart sans jamais toucher terre. On en dénombre une cinquantaine par an sur l’ensemble du globe. Mais, avant 1944, date des premières observations aéronautiques, il n’existe que des données sur ceux ayant touché terre. La paléo-tempêtologie permet de corriger ces données. Les dépressions tropicales se transforment en ouragans par suite de l’évaporation des eaux chaudes de surface qui, ensuite, se condensent en haute atmosphère en dégageant de la chaleur, ce qui se développe et entretient l’ouragan une fois formé. Il parait donc crédible d’imaginer qu’une hausse du nombre d’ouragans puisse être une des conséquences du réchauffement climatique.

D’autres facteurs comme le cisaillement du vent et la poussière du Sahara

L’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) sait qu’il aussi la concomitance d’autres facteurs comme le cisaillement du vent selon l’altitude[13], et un taux de poussières du Sahara[14]. L’OMM reconnaît que « dans l’état actuel des connaissances scientifiques, aucun évènement individuel, comme un cyclone tropical sévère ne saurait être attribué à un changement climatique»[15]. S’ils ne sont pas plus fréquents, seraient-ils plus intenses ? Le GIEC dénie également cette allégation : « la confiance est faible concernant les changements de l’intensité des phénomènes à grande échelle comme les cyclones extratropicaux extrêmes depuis 1990 »[16]. Certes, les dommages économiques consécutifs aux ouragans augmentent, mais c’est parce qu’une population en hausse dans des régions sensibles a besoin d’une infrastructure coûteuse près des côtes. 

conséquences du réchauffement climatique : la hausse du niveau des océans ?

Hausse du niveau des océans : éventuelle quatrième des conséquences du réchauffement climatique ?

Le niveau de la mer dépend essentiellement de l’endroit et du moment où il est mesuré, en particulier dans les zones influencées par El Nino, de la quantité de glace présente sur la terre ferme, de la température des océans qui induit leur dilatation. Les mesures sont complexes : il faut lisser l’effet des vagues, des marées et des changements saisonniers, et tenir compte des affaissements locaux de la côte (subsidence), des pompages de nappes phréatiques côtières par l’homme, et, autour des îles du Pacifique, des effets co-sismiques ou inter-sismiques. Malgré tout, chacun sait que depuis un ½ million d’année, le niveau de la mer a oscillé de +/- 120 mètres selon des cycles d’environ 100.000 ans[17].

Conséquences du réchauffement climatique : la question est donc de savoir si les influences humaines accélèrent le cycle actuel de montée commencé il y a 20 000 ans. 

Les mesures réalisées depuis le 18e siècle par les marégraphes des ports d’Europe et d’Amérique et par satellite depuis 1992 montrent que le niveau a augmenté de 1,8 mm par an depuis 1880. Certes, cette hausse est de l’ordre de 3 mm par an depuis 1993, mais est-ce, pour autant, une conséquence du réchauffement climatique, puisque cette hausse a également été de l’ordre de 3 mm par an entre 1935 et 1960[18] ? En réalité la dynamique des fontes de glacier et des calottes glaciaires polaires est incertaine. Le GIEC confirme qu’il existe, « durant les périodes antérieures à 1970, des divergences importantes entre les modèles climatiques et les observations observées dans les glaciers et des masses neigeuses du Groenland »[19]. Quels que soient les changements affectant la moyenne mondiale, c’est le niveau local qui importe pour prendre les mesures d’adaptation. 

Développement des épidémies et de la mortalité : qu’est-ce qu’un « décès lié au climat » ?

Certaines affirmations prétendent que le taux de mortalité dû à la hausse moyenne et mondiale des températures dépassera celui de l’ensemble des maladies infectieuses. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) chiffre la mortalité de toutes les maladies infectieuses dans le monde entier à 75 décès pour 100 000 habitants (dont 23 seulement pour la Covid), soit environ 10% de la mortalité générale de 770 décès pour 100 000, soit 6 millions de décès par an pour 8 milliards d’habitants. Resterait à définir le concept de « décès lié au climat ». Certes on meurt de sécheresses ou d’inondations mal gérées, mais, comme indiqué précédemment, il n’est pas certain que ces catastrophes naturelles soient liées au climat. Des études menées par le centre de recherche en épidémiologie des catastrophes ont analysé un ensemble 22 000 désastres de masse depuis 1900 : les décès liés à ces catastrophes sont 80 fois moindres aujourd’hui[20], grâce à de meilleures mesures d’adaptation mises en place. 

Baisse des rendements agricoles : sixième type de conséquences du réchauffement climatique ?

Cette idée remonte au rapport du GIEC de 2014 évoquant « les impacts potentiels en Europe dans le cas de taux de réchauffement très élevés… sur les rendements céréaliers mondiaux »[21], bien qu’il reconnaisse, à ce sujet, qu’il « il existe peu de données sur les impacts potentiels en Europe ». Les cartes fournies font référence à des représentations « utilisant des mailles de 25 x 25 km ». 

Dans un article de Libération, la géographe-climatologue Martine Tabeaud reproche à ce maillage de présupposer « un unique type de sol argilo-sableux » !

Il s’agit, selon Martine Tabeaud, d’une « situation quasi inexistante dans l’union-européenne. Aucun épi de blé ne pousse dans des conditions aussi artificielles »[22]. Elle s’insurge sur des calculs qui ne retiennent qu’une variété de référence, « le blé d’hiver Triticum Aestivum » alors qu’il y a également les blés de printemps. Or, dit Martine Tabeaud, « les statistiques régionalisées montrent que les blés d’hiver et de printemps ne sont pas cultivés » dans de nombreuses régions européennes. Martine Tabeaud qualifie de « totalement virtuelles » les données de rendements potentiels calculés pour 2030.

Les données de l’indice « Simon Abundance » montrent que la réalité est toute autre. 

D’abord, la concentration croissante de CO² stimule la photosynthèse ce qui est un facteur significatif de l’amélioration des rendements. Par ailleurs « l’indice Simon Abundance »[23] montre que, sur une période de 30 ans d’augmentation de la population et de la demande, les quantités de ressources disponibles ont été multipliées par 4, malgré le réchauffement climatique. Ceci explique, sur cette période (hors fait de guerre en Ukraine), la baisse régulière de près de 75% des prix.


[1] IPCC 2012- « Managing the risks of extreme events and disasters to advance climate change adaptation »

[2] USGCRP – 4th Climate Science Special Report (CSRR) – Temperature Changes in the United States (Fig 6.3, p. 6)

[3] NOAA- « Sea, ice and snow cover extend » (8 dec 2020)

[4] IPCC. AR5 WG1 Section 2.6.2.2

[5] IPCC. AR5 WG1 Section 2.6.2.4

[6] IPCC AR5, section 5.5

[7] IPCC. AR5 WG1 Section 2.6.2.3

[8] Indicateur Palmer Droupht severity index, s’échelonnant de -10 (très sec) à + 10 (très humide).

[9] IPCC AR5, section 12.5.5.8.1

[10] IPCC, AR5, sommaire du chapitre 5

[11] Voiland & C° « building a Long term record of fire » (NASA- Earth obs. – 23 nov. 2020)

[12] Andella & C°, «  A human-driven decline in global burned area » (Science, 30.6.2017)

[13] Kossin, K. « Hurricane intensification along United States coast suppressed during active hurricane periods (Nature-541, 2017)

[14] Evan &C° « An analys of aeolian dust in Climate models » (GRL 2014)

[15] World Meterorological Society: « FAQ » 20.11.2020 

[16] IPCC. AR5 WG1 section 2.6.4

[17] Bianchi Carlo & C°: “Mediterranean Sea biodiversity between the legacy from the past and a future of change” Nova Science Publishers 2011   (http://dueproject.org/en/wp-content/uploads/2019/01/8.pdf : Fig 8, p. 14)

[18] IPCC. AR5, WG1, figure 3.14

[19] IPCC, SROCC, section 4.2.2.2.6

[20] Lomborg & C°, « False alarm : how climate change panic cost Us trillions, hurts the poor, and fials to fix the planet » (Basic Books, 2020)

[21] IPCC, WG2 AR5, chapter 23, § 23.9.1, page 35

[22] Martine Tabeaud « Des cartes et pas Descartes » (Libération 6.2.2015)

[23] Cato Institute, « The Simon Abundance Index 2020 », 22 avril 2020, https://www.cato.org/blog/simon-abundance-index-2020

Autres publications

Stanislas de Larminat
Ingénieur agronome et auteur de nombreux ouvrages et articles sur les questions d'écologie. Auteur de « Climat, et si la vérité nous rendait libre » (Ed. TerraMare), Administrateur de l’Institut Ethique et Politique.