« Conversion écologique » (Lettre écologique n°11)

par 1-11-2019Ecologie

Dans l’encyclique Laudato si’, le pape François invite les chrétiens à une « conversion écologique ». Il lance un appel à des changements d’attitudes et de mentalités dans notre relation à notre environnement. Cet enseignement social est souvent qualifié de « prudentiel ». Il se situe sur un autre plan que d’au­tres aspects plus spirituels, comme les dogmes de foi.

Le cœur d’un paradoxe

Sur de tels sujets, notre société refuse une définition commune du bien et du mal, qui permettrait à l’État de définir des interdits au plan indi­vi­duel. En matière d’éducation, elle récuse l’efficacité des punitions et des contraintes.

Pourtant, l’opinion publique véhicule l’universalité du bien et du mal écologiques. Pour s’y conformer, elle serait prête à renoncer à la démocratie, certes imparfaite, au profit d’une gouvernance mondiale dépourvue de subsidiarité et d’ancrage historique.

Les sanctions et autres mesures contraignantes deviendraient vertueuses, dès lors qu’elles sont dirigées contre les États. Autant l’éthique est rejetée au niveau national, autant la morale écologique apparaît comme un absolu « pour la planète ». Les appels à la conversion écologique, garante d’un salut temporel, se substituent à un salut spirituel, dont plus personne ne croit que la communauté nationale pourrait nous aider à y parvenir.

De quelle conversion parler ?

Se convertir personnellement n’attire plus. En revanche, convertir les autres, par la contrainte si nécessaire, est à la mode. Il apparaît pourtant, comme le remarquait Benoît XVI, qu’« aucune structuration positive du monde ne peut réussir là où les âmes restent à l’état sauvage [1] ».

Est-il possible de construire une société avec des recettes et des programmes, si nous ne commençons pas par reconnaître nos propres vulnérabilités, nos déficits de solidarité, nos incapacités à nous ouvrir à une transcendance ? L’efficacité politique voudrait que soit restaurée l’idée d’une écologie subsidiaire [2]. Comment rendre chacun acteur enthousiaste de sa relation avec ses proches et avec toutes les créatures, y compris non humaines ? La conversion écologique dépendra de l’accomplissement intégral des personnes.


[1] Benoît XVI, Spe salvi (2007), § 15.
[2] Cf. Lettre écologique no 9.

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