Ambiguïté linguistique et discours écologiques (Lettre écologique n° 10)

par 1-08-2019Ecologie

Le discours de l’écologie politique reprend volontiers le thème des biens communs. On affirmera par exemple que le climat est « un bien commun », ce qui sous-entend qu’il en existe d’autres : nappes phréatiques, pâturages, etc. De telles ressources ont souvent un caractère collectif palpable.

Le retour des communs

Au pluriel, l’expression « biens communs » rappelle la réalité des « communaux » du Moyen Âge. L’accès à ces pâturages par tout propriétaire de troupeaux n’était possible qu’avec des règles de gouvernance très précises. Une « théorie des communs » s’est développée, surtout dans le contexte des problématiques écologiques. Dans la réflexion de ses promoteurs, il est impossible de séparer la nature de ces ressources et la gouvernance qui accompagnerait nécessairement leur gestion.

On peut parfois se demander lequel des deux concepts précède l’autre. La na­ture des biens communs semble justifier une gouvernance appropriée. À l’inverse, une volonté de gouvernance mondiale ne trouve-t-elle pas ici un alibi facile ? Avec un peu de vernis scientifique et de manipulation politique, ne peut- on pas « créer » de toutes pièces des biens communs, pour lesquels il faudra mettre en place une réglementation, voire une instance dédiée ?

Ambiguïté linguistique

Malgré la proximité de vocabulaire, cette notion de science économique ne doit pas être confondue avec le bien commun (au singulier). Ce dernier concept a été développé par la philosophie, et élevé comme un des grands principes de la doctrine sociale de l’Église. Le magistère catholique enseigne que « le bien commun peut être compris comme la dimension sociale et communautaire du bien moral » [1].

Cette coïncidence est probablement le fruit du hasard. Mais n’est-elle pas entretenue dans certains discours ? Dans une confusion toute post-moderne, ce faux ami permet de doter la théorie des communs des vertus morales portées par le concept de bien commun.


[1] Compendium de la doctrine sociale de l’Église (2004), § 164.

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