Le « monde d’après » prépare-t-il toujours plus de règlementations ? (Lettre écologique n°13)

par 1-05-2020Ecologie

Avec la crise sanitaire, experts et intellectuels de tous bords réfléchissent au « monde d’après » dans de multiples forums ou tribunes. À cette occasion, les écologistes reviennent en force, comme s’ils craignaient que la crise économique ne mette à bas ce à quoi ils croient. C’est en réalité le monde d’avant qui risque de revenir, mais en pire.

Rapidement, le président Macron a mis le sujet sur la table : « Il est des biens et des services [dont] nous devons reprendre le contrôle [1]. » Il ne s’agit pas de reprocher à des entrepreneurs d’avoir localisé certaines productions près de nouveaux marchés émergents. Ils ont fait l’expérience de coûts du travail moins élevés, de pressions fiscales plus faibles, de réglementations plus stables et de taux de changes favorables. Mais le retour en Europe de certaines productions ne se fera ni par un coup de baguette magique, ni par une nouvelle couche d’obligations réglementaires.

Le poids de l’État en question

Concrètement, il revient à l’État de créer les conditions de ce retour en se remettant profondément en cause. Il pourrait par exemple se dégraisser dans des secteurs où son monopole n’est pas nécessaire : éducation, transport, logement, santé, etc. Par ailleurs, aucune relocalisation ne sera possible sans une remise en cause profonde des normes environnementales qui pèsent sur nos entreprises. Les réglementations pourraient être revues, pour ne conserver que celles qui répondent à des risques proportionnés et raisonnablement étayés. À cet égard, il sera utile de quantifier sérieusement les relations entre les causes alléguées et les observations qui inquiètent les opinions.

Surveillance écologique : vers des cartes carbone ?

À l’inverse, certains écologistes ont pu se réjouir du contrôle accru des pouvoirs publics sur la vie des citoyens, et en particulier leurs déplacements. Après un déconfinement limitant nos déplacements, prenons garde de ne pas nous faire imposer des « cartes carbone » qui nous interdiraient de nous déplacer quand leurs crédits seraient dépassés. La carte bancaire Doconomy, développée en Suède avec Mastercard, propose déjà un bilan carbone en temps réel et peut même se bloquer à un certain seuil. Elle relève pour le moment du volontariat. Mais certains ont déjà l’idée de généraliser ces mouchards écologiques.


1. Emmanuel Macron, Adresse aux Français, 12 mars 2020.

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