La Création gémit dans les douleurs de l’enfantement (Lettre écologique n°1)

par 1-05-2017Ecologie

Le pape François, lors de son audience du 22 février 2017, a commenté la lettre de Saint-Paul aux Romains (8,19-27). «Ces gémissements ne sont pas une plainte stérile, inconsolable, mais ceux d’une femme qui accouche ». C’est par ces mots que le Pape François explique le drame dont parle Saint-Paul aux Romains. Il ajoute : « Ces gémissements -comme le précise l’apôtre- sont ceux d’une femme qui accouche; ce sont les gémissements de celui qui souffre, mais qui sait qu’une vie nouvelle va venir à la lumière. Et dans notre cas, il en est vraiment ainsi. Nous sommes encore aux prises avec les conséquences de notre péché et, autour de nous, tout porte encore la marque de nos difficultés, de nos manquements, de nos fermetures. Mais dans le même temps, nous savons que nous avons été sauvés par le Seigneur et il nous est déjà donné de goûter, en nous et dans ce qui nous entoure, les signes de la Résurrection, de la Pâque, qui opère une nouvelle création ».

A propos de ce texte, on peut lire les chapitres 10 à 12 du livre de Mgr Léonard « Les raisons de croire » (voir ci-dessous). Dans ces pages, écrites en 1987, l’auteur part de la théologie de la fin des temps -l’eschatologie-, et remonte à celle des origines – la protologie : Il serait aussi vain de chercher le Christ ressuscité dans le cosmos naturel que de chercher Adam entre Cro-Magnon et Neandertal. Dieu nous a créés avec des dons préternaturels, et c’est la chute originelle qui nous aurait imposé certaines lois d’un monde naturel soumis à la corruption. Toute la création sera renouvelée et, en attendant, gémit dans la douleur de cet enfantement.

Le père Cantalamessa, dans une prédication devant Benoit XVI, le 13 mars 2009, disait que « la création, sans faute de sa part, a été entraî- née par l’homme » dans un état de mensonge signifiant une perte de sens. « En tant que telle, [cette création] n’est pas en mesure d’espé- rer subjectivement, mais Dieu a en tête un rachat pour elle ».

Comme le dit le théologien Maurice Zundel, dans son homélie du 8 décembre 1971 : « La création est en avant de nous… [elle] est, dans le Christ, le nouvel Adam qui va introduire dans le monde le sens même du geste créateur en le réalisant en plénitude ».

Ces explications revêtent une grande importance pour l’approfon- dissement des réflexions chrétiennes en matière d’écologie. Certes l’exégèse de la Genèse et de la première création revêt une grande importance. Mais l’éducation à la responsabilité écologique ne doit pas « s’appuyer sur le refus du monde moderne ou le désir vague d’un retour au « paradis perdu » ». (Jean-Paul2, 1990). Pâques nous oblige à nous tourner vers une terre nouvelle, la Jérusalem céleste. Les éco-gestes que nous mettons en œuvre ont le mérite de convertir notre cœur. Leur efficacité est-elle à la dimension de la nouvelle création déjà été inaugurée par le Christ quand on sait que Dieu ne couronne jamais que ses propres dons ? Faut-il se résigner dans cette attente ? Non répondait S.E. le cardinal Scola au Collège des Bernardins le 17 novembre 2015, à l’occasion de la COP21 : « Face à la dégradation du cosmos, notre gémissement n’est pas un gémissement de résignation à une destruction inévitable mais bien plutôt celui des douleurs de l’enfantement puisque nous sommes sûrs du salut dont nous voyons déjà les prémices ».

Toute la tradition de l’Église insiste sur ce dessein cosmique : « Paul de Tarse dessine une image cosmique de la rédemption, il met l’homme au centre, exactement comme au commencement celui-ci avait été mis au centre de l’image de la création. C’est justement cet homme, ce sont les hommes, qui possèdent les prémices de l’Esprit, qui gémissent intérieurement et qui attendent la rédemption de leur corps ». (Jean-Paul 2, 21 juillet 1982)

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