Réchauffement climatique : quelles en sont les causes ? (Lettre écologique n°4)

par 1-02-2018Ecologie

En climatologie, la complexité est extrême. Des climatologues, océanographes, thermo-physiciens, glaciologues, agronomes, biologistes, mathématiciens, chimistes, astronomes, hélio-sismologies, s’emploient, tous avec sérieux, à en comprendre les mécanismes. Mais qu’y a-t-il de commun entre chacune de ces disciplines, entre celles qui portent sur les causes de la variation climatique, et celles sur ses effets ? Quelle science est légitime pour quantifier des relations de cause à effet ? Une telle méthodologie existe. Il s’agit d’une branche de la systémique, l’« identification des systèmes dynamiques et complexes ».

réchauffement climatique

Le Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (Giec) a consacré 131 pages à cette discipline (Giec AR5, chap. 10), lui donnant le nom de « Détection et attribution », détection d’un effet, la température, et son attribution à une cause. Faut-il encore que les causes soient ouvertes (CO2, volcans, soleil,…). Or, le Giec a reçu mission de « comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine » (Cf: Principes de gouvernance Giec-§ 2). Exclut-il, a priori, l’effet de l’activité solaire en se limitant à l’origine humaine (sic) ?
Les grands praticiens de l’identification -ils sont à peine une dizaine au Giec- savent que pour qu’une détection/attribution soit fondée, il faut :

– retenir des observations sur environ 1.000 ans pour expliquer la période chaude médiévale puis le petit âge glaciaire des XVII et XVIIIèmes siècles. Le Giec est-il légitime en se limitant à 150 ans d’observations (Giec AR5, Chap. 10, Fig. 10.1, p. 107) ?

– ne pas confondre les causes et les effets d’un mécanisme. Le Giec a-t-il raison d’introduire El Nino dans les facteurs causaux (Giec, AR5, Fig 10.5) ? On sait que ces oscillations océano-atmosphériques du Pacifique sud ne sont que des boucles internes de la mécanique climatique, et ne sont pas causes des variations longues. Comment comprendre que le Giec puisse dire que la « détection attribution » « n’exige ni n’implique que chaque aspect de la réponse au facteur causal en question soit correctement simulé » (Giec- AR5- chap 10.2.1) ?

– chiffrer, avec de véritables tests d’hypothèses, les fourchettes de sensibilité du climat à chacune des causes envisagées. Or le Giec parle d’une probabilité de 95% que le réchauffement soit d’origine humaine, et ajoute qu’il s’agit d’une probabilité noncalculée et subjective et que « les probabilités « Objectives » et « Subjectives » ne sont pas toujours explicitement distinguées » (Giec AR5 GT2, § 2.6.2) ;

– ne pas nécessairement entrer dans des modèles de connaissances complexes. Le Giec est-il fondé à utiliser des modèles de « planètes numériques » si complexes qu’il ne retient, dans ses calculs que « des conditions de ciel clair …; l’introduction de nuages compliquerait grandement les objectifs de la recherche » (Giec WGI-AR5-WGI 8.3.1) ;

– expliquer a posteriori les écarts entre prévisions et réalisations, en particulier cette panne du réchauffement observée depuis 15 ans que le Giec reconnait en termes sibyllins : « une confiance moyenne que la différence de tendance entre les modèles et les observations durant 1998-2012 est causée, à un degré substantiel, par la variabilité interne, avec une possible contribution venant d’erreurs de forçage et une surestimation par certains modèles de la réponse à l’augmentation de forçage par les gaz à effet de serre » (Giec -WG1-AR5 – Chap 9 p. 743).

Notre lettre n’a pas pour but de conclure, mais d’appeler à un certain recul et à la multiplication de débats contradictoires indispensables au progrès des connaissances. Un consensus, en effet, n’est pas suffisant pour constituer une preuve (voir p. 3).

Autres publications

Stanislas de Larminat
Ingénieur agronome et auteur de nombreux ouvrages et articles sur les questions d'écologie. Auteur de « Climat, et si la vérité nous rendait libre » (Ed. TerraMare), Administrateur de l’Institut Ethique et Politique.