Réchauffement climatique : pour un dialogue contradictoire (Lettre écologique nº 4)

par 1-02-2018Ecologie

En sciences, le dialogue contradictoire a plus de vertus que le consensus. Par nature, la science progresse par le questionnement sur ce qu’on ignore, plus que par la vulgarisation de théories non définitives mais qui seraient consensuelles. Le consensus est un renoncement au débat scientifique. Dans ces conditions, sur certains sujets, comme le climat qui ont des impacts lourds au plan sociétal, l’Église se doit de pousser au débat, car le dogmatisme n’a pas sa place en science.

réchauffement climatique

La tension créative en sciences

Le progrès scientifique a besoin d’une tension créative engendrée par le désaccord, l’incertitude résultant de l’ignorance : toute avancée scientifique comble une lacune et identifie de nouveaux champs inconnus. Le débat contradictoire est indispensable surtout dans les sciences particulièrement complexes. Répéter sans cesse de présupposés “acquis“ de la science est stérile voire détourne de la vérité. A contrario, un phénomène non expliqué présente plus d’intérêt scientifique qu’un phénomène qu’on croit complètement décrypté.

Nous citons dans notre Revue de presse ci-contre un échantillon de publications scientifiques relues par des pairs qui montrent que, pour expliquer les changements climatiques, la thèse solaire peut être opposée à celle des causes humaines. Rien qu’en 2017, près de 100 papiers ont fait état de conclusions semblables…

La difficulté du dialogue scientifique, même dans l’Église ?

L’institut éthique et politique Montalembert souhaite porter au sein de l’Église ce débat sur les causes des variations climatiques. Nous nous étonnons en effet que, lors des réunions de pastorale écologique, il ne soit jamais fait appel à des expertises plurielles. Pourquoi les intervenants commencent-ils toujours par une vision apocalyptique de la situation, sans évoquer les incertitudes qui stimulent au contraire l’intelligence ? L’encyclique Laudato Si donne certainement le “la“. Mais n’est-ce pas trahir l’inspiration du pape François que de prendre les analyses qu’il a souhaité véhiculer au sein de l’Église comme des vérités absolues au lieu de les prendre comme des questions méritant un débat contradictoire où la science comme la vertu (maîtrise de soi, liberté d’esprit) pourront progresser ?

Il nous paraît indispensable que l’Académie Pontificale des Sciences organise le débat contradictoire sur la question climatique. Son chancelier, Mgr Sorondo, cité le 7 nov. 2017 au “grand Témoin“ sur Radio Notre Dame, a écrit le 11 sept. 2017 que « l’Académie Pontificale des Sciences suit [sic] le magistère du Pape François sur le changement climatique comme formulé dans l’encyclique Laudato Si… » ? La mission de l’Académie n’est-elle pas au contraire d’éclairer le magistère ? Le pape invite pourtant « à un débat honnête et transparent » (Laudato si § 188). Comment un débat serait-il honnête s’il n’est contradictoire et transparent s’il n’est public ?

Les ingrédients pour un dialogue scientifique apaisé

Certains adoptent sur le climat un comportement d’autorité qui est précisément celui qui est injustement reproché à l’Église du Moyen-âge. Il est vrai que, par excès de zèle, certains moines voulant affirmer la supériorité de la foi sur la raison allaient jusqu’àmépriser le savoir dont pourtant ils faisaient usage. Cette posture ne doit pas cacher les extraordinaires progrès scientifiques faits justement dans les monastères.

L’argument d’autorité utilisé aujourd’hui par certains scientifiques à travers le “Name dropping“, l’esquive voire l’invective, les dialectiques fallacieuses plus proches des sophistes que des philosophes, la manipulation par la reprise partielle et simplificatriced’arguments complexes et le “catastrophisme éclairé“ doivent, aujourd’hui comme hier, être combattus par les champions de la vérité que nous voulons être !

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