Rendez à César… quel impact sur l’économie ?(Lettre Philo-économique n°3)

par 1-06-2018Economie

« Rendre à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu » : quelles implications sur notre comportement face aux lois de l’économie ? La célèbre maxime de Jésus (Marc 12,17, Luc 20,25 et Matthieu 22,21) est aujourd’hui considérée comme le fondement du principe de laïcité que les chrétiens se doivent d’appliquer face aux institutions politiques. Le commentaire de saint Paul dans la Lettre aux Romains (13) est beaucoup moins cité : « C’est une nécessité d’être soumis, non seulement pour éviter la colère, mais encore pour obéir à la conscience. »

Rendez à César en économie

« Obéir à la conscience » : un examen approfondi, en conscience, d’une situation et de la façon dont le pouvoir y répond, est le préalable à toute prise de position politique, qui elle-même doit s’inscrire dans le cadre légal, sans révolution, sans violence. Pour changer le cours des choses, il faut changer les cœurs et pour cela l’action doit, dans son contenu et dans sa forme, créer une relation de liberté entre les hommes qui est de nature différente des relations mondaines.

Les lois de l’économie : relèvent-elles de César ou de Dieu ?

S’agissant des « lois de l’économie », la question se pose de savoir si elles relèvent de l’autorité de César ou de celle de Dieu. La science économique dite « libérale » prend en effet pour fondement le pouvoir d’appréciation individuel de l’utilité : ses équations fonctionnent si chacun dispose individuellement de ce qui lui est nécessaire pour faire librement ses choix de production et de consommation.

Cela ressemble à la liberté de conscience dont parle Paul, sans s’y identifier puisqu’il s’agit ici de subvenir à ses besoins matériels uniquement. Même dans ce domaine qu’on estime souvent relever de l’égoïsme et de l’intérêt propre de chacun, des libéraux comme Friedrich Hayek estiment cependant que l’individu doit fonder son comportement sur la vertu : cela consiste pour chacun à poursuivre son intérêt sans empêcher l’autre de poursuivre de façon adéquate le sien, ce que l’on appelle la « concurrence loyale ». Cela contribue sans conteste à établir en acte une forme de liberté pour le bien de la société.

La liberté d’entreprendre est nécessaire au développement des talents de chacun

La concurrence loyale suppose notamment que la société protège le libre accès de chacun à l’activité économique. C’est justifié du point de vue économique : la diversité des entreprises peut seule donner leur place à la diversité des talents et répondre à la diversité des besoins. C’est aussi justifié du point de vue spirituel : la vocation personnelle de chacun ne peut se réaliser dans une société qui privilégie une forme de talent plutôt qu’une autre. Le pape François appelle ainsi à protéger la « diversité productive et la créativité entrepreneuriale » (encyclique Laudato Si, § 129).

Jusqu’où l’Etat peut-il aller dans la redistribution des richesses ? Des extraits d’analyses de doctrine sociale de l’Eglise par Achille Dauphin- Meunier nous éclairent (lien) dans la politique monétaire en page 4 avec une présentation de l’ouvrage de Pierre de Lauzun sur l’euro. Tous domaines où il convient de réfléchir aux moyens de préserver la diversité de la société face à l’apparition des marchés et à l’industrialisation des activités.

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