Alexis Rostand, dirigeant d’une société de gestion, propose un livre ambitieux parce qu’il vise à donner des éléments de discernement sur l’évolution de notre monde. Il part du constat selon lequel l’économie en devenant un outil purement technique risque de devenir l’instrument d’une classe dominante, qui contribue à fractionner la société et peut la mener à sa destruction, au même titre que d’autres menaces.
Il oppose à cette évolution néfaste une vision englobante de l’économie qui correspond à celle promue par l’Eglise dans sa doctrine sociale. Il affirme que ce n’est que par une vision englobante que les investisseurs d’aujourd’hui pourront faire des choix efficaces dans le temps, l’économie étant par nature une activité humaine appelée à répondre aux préoccupations de l’homme dans l’ensemble de ses dimensions.
Si la réflexion philosophique est indispensable pour éclairer les choix de l’investisseur, c’est parce que la philosophie a évolué au XXe siècle pour comprendre les ressorts et les mécanismes de l’action.
Partant de la critique de la philosophie cartésienne comme réduisant l’analyse du monde à sa seule dimension rationnelle, le livre nous conduit à des écrivains contemporains (Tainter, Peyrefitte) en passant par l’enseignement social chrétien sur l’économie, l’analyse de la « montée aux extrêmes » de René Girard, la théorie de la responsabilité de Hans Jonas et la métaphysique appliquée à l’action de Heidegger.
Prenant comme sujet la volonté actuelle de la finance européenne de prendre en compte les enjeux climatiques, Alexis Rostand estime que la prise de conscience du danger qui pèse sur nos sociétés peut marquer le début d’une conversion conduisant chacun à remettre son talent au service du bien commun et non plus d’une rationalité réductrice dont l’humanité deviendrait en quelque sorte l’esclave.
Il appelle notamment l’investisseur à prendre ses décisions en conscience, en accueillant ses propres aspirations au bien et sans renoncer à sa responsabilité dans ce domaine au profit de normes et d’évaluations externes.