Responsabilité démographique : Famille ou État ? (Lettre écologique n°5)

par 4-05-2018Ecologie

En quoi la démographie est-elle concernée par la décision politique ? Quels sont les rôles respectifs de l’état et de la famille ? Le risque existe que les États s’emparent de la démographie pour en faire un enjeu de pouvoir comme c’est déjà arrivé dans la bible : « Satan se dressa contre Israël et incita David à dénombrer Israël » (1 Chr. 21 v. 1). David, par orgueil fut fier de dominer sur un peuple nombreux et de disposer d’une puissante armée. Aujourd’hui, serait-il fier de protéger la planète en imposant à son peuple une réduction de fécondité ? David oublia que seul Dieu avait fait ce qu’il était et lui avait donné ce qu’il possédait.

Certes, « il est légitime que l’État intervienne pour orienter la démographie de la population  » (Cathéchisme de l’Eglise catholique § 2372), mais  » dans les limites de ses compétences, … en développant une information appropriée… » Populorum Progressio (§ 37). La limite des compétences relève du principe de subsidiarité.

Le principe de subsidiarité en démographie

Selon celui-ci, « toute l’activité sociale est de nature subsidiaire… Elle doit servir de soutien aux membres du corps social et ne jamais les détruire ni les absorber » (Quadragesimo Anno).

Le principe de subsidiarité trace donc bien les limites de l’intervention de l’État et cela s’applique particulièrement en matière de démographie. Dès lors, l’État doit s’attacher à soutenir et aider le corps social en vue du bien commun, et, en particulier dans deux perspectives :

  • Participer à une information « objective et respectueuse » : Les aspects prudentiels ne sont pas les seuls dans lesquels l’État doive faire un exercice de vérité (voir p.4). La prise en compte des
  • Ne pas sesubstituerà l’initiative des époux, premiers responsables de la procréation » (CEC § 2372), mais favoriser un cadre permettant à chacun d’assumer cette responsabilité.

Quelle « responsabilité » en matière de démographie?

En matière de démographie comme en beaucoup d’autres questions politiques, il faut se résigner: « aucune structuration positive du monde ne peut réussir là où les âmes restent à l’état sauvage ». (Spe salvi § 15). Le fait démographique, comme la procréation, répond à une inclination anthropologique profonde qui s’inscrit dans trois perspectives :
– Une perspective biologique, celui du respect des fonctions. Les époux savent ce qu’exige le respect des fonctions du corps. Une »démographie responsable » passe, de la même manière, par le respect de la « fonction sociale » prioritaire de la famille.
– Une perspective instinctive et « assertive ». Les familles sont le lieu où s’apprend le respect de l’autre comme personne et noncomme « objet ». Les états doivent, de même, renoncer à prendre le pouvoir sur la famille, en matière de fécondité, de planningfamilial ou d’éducation affective et soutenir un cadre favorable à l’exercice des responsabilités familiales.
– Une perspective spirituelle transcendant toute vision, très réductrice, économique ou « matérialiste de l’homme et de la vie » (Mater et magistra). Le concept de responsabilité est lié à celui de « générosité ». Pour s’y soustraire, il faut de graves motifséconomiques ou psychologiques. Une État responsable doit avoir le souci des plus pauvres pour qu’ils ne se retrouvent pas face à de « graves motifs » qui les empêcheraient de remplir cette mission de fécondité « généreuse ».

L’éducation de l’écologie au sein de la famille

Si l’État doit éviter de prendre prétexte de l’écologie pour justifier un malthusianisme démographique, les familles doivent, elles aussi, veiller à ce que l’éducation écologique ne soit pas fondée simplement sur l’affectivité ou sur des velléités mal définies. Jean-Paul II disait que « son objectif ne peut être ni idéologique ni politique, et sa conception ne peut s’appuyer sur le refus du monde moderne ou le désir vague d’un retour au « paradis perdu » ». Si c’était le cas, les plus jeunes oublieraient que la solution du problème démographique passera, entre autres par « un nouvel effort scientifique de l’homme pour augmenter son emprise sur la nature, car… les sciences et les techniques ouvrent des horizons illimités » (Mater Magistra).

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