Pour une écologie et une démographie responsables (Lettre écologique n°5)

par 1-05-2018Ecologie

La démographie, comme l’écologie, mettent en question l’action politique et la manière dont le progrès scientifique et technique contribue au progrès des sociétés humaines (voir en page 4 de notre lettre pdf notre critique de l’approche malthusienne qui prévaut chez de nombreux responsables de notre temps).

Les limites du politique

La famille et la relation d’amour qui la fonde échappent au politique. De même, les réalités de la nature ne peuvent être approchées que par une multitude de sciences spécialisées. L’intervention forte du politique dans le domaine de la démographie dans les années 1960, dans un sens malthusien qui contredisait la vision politique traditionnelle de la démographie, a conduit l’Église à prendre des directives fortes. Ces directives ont permis l’essor de la théologie du corps de saint Jean Paul II qui a donné un contenu à l’appel de l’encyclique Humanae Vitae à une « paternité responsable ». Quels enseignement en tirer pour une éventuelle « démographie responsable » ? (voir page 3)

L’essor des courants écologistes dans les années 1980 ont également incité l’Église à prendre position. Les papes Benoit XVI et François ont notamment lutté contre une vision de l’écologie qui constaterait une opposition définitive entre le progrès techniqueet la nature.

Un essor technique et démographique excessivement rapide peut créer dans la société des tensions : en effet le progrès technique peut permettre un essor démographique dans une société qui n’est pas prête à l’assumer. Cela peut aboutir à des révolutions destructrices. Inversement, une prudence excessive voire un renoncement radical en matière de démographie ou de progrès technique constitueraient un refus des facultés créatrices de l’homme.

L’importance centrale de la famille

Dans cette ligne, le pape François insiste sur « l’importance centrale de la famille » dans l’éducation : « La famille est le lieu de la formation intégrale, où se déroulent les différents aspects… de la maturation personnelle. Dans la famille, on apprend à demander une permission avec respect, à dire « merci » comme expression d’une juste évaluation des choses qu’on reçoit, à dominer l’agressivité ou la voracité, à demander pardon quand on cause un dommage. Ces petits gestes de sincère courtoisie aident à construire une culture de la vie partagée et du respect pour ce qui nous entoure. »

C’est dans la famille que doivent s’expérimenter les solutions nécessaires à la protection de l’environnement. La qualité de l’information apportée aux familles favorise, selon les termes du pape, l’éducation à une «austérité responsable, à la contemplation reconnaissante du monde, à la protection de la fragilité des pauvres et de l’environnement » (§ 214). C’est là ce que le pape appelle « conversion écologique ».

En apprenant aux enfants par de « petits gestes » à éviter les gaspillages et à discerner les véritables besoins de leur corps, la famille éduque des personnes capables de sensibiliser les plus jeunes au sens du bien commun. Cette conversion écologique, très simple finalement, mais dépendante de l’information transmise, est selon le pape François une base fondamentale.

Au-delà d’un dialogue entre science et politique dans les domaines techniques et économiques, le pape François appelle à « un débat scientifique honnête et transparent, pour que les besoins particuliers ou les idéologies n’affectent pas le bien commun » (§187). La qualité de ce débat exige la prise en compte de la capacité des familles à s’en emparer: c’est au sein des familles que se poseront de façon adéquate les problématiques écologiques et que des solutions envisageables seront trouvées.

Dans quelles mesures faut-il limiter les avancées techniques et les familles qui les utiliseront y sont-elles préparées ? C’est certainement la question que pose l’essor démographique rapide des pays en développement.

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