« L’éducation est notre vrai champ de bataille »

par 16-10-2023Actualités, Education, Politique

« Il y a deux façons de voir la situation actuelle : soit se complaire dans le constat, il est vrai cruel et inquiétant ; soit surmonter ce dernier et chercher des solutions, faire confiance aux trésors de notre génie français. Vous, les jeunes, êtes l’avenir de la France. Vous êtes aujourd’hui en demande d’humanité et de fermeté, d’autorité et d’amour, d’exigence et de bienveillance. Vous cherchez votre équilibre, dans une société où les facteurs de déséquilibre se multiplient. Il reste à canaliser vers de justes causes cette attente et cette soif d’idéal. Les plaintes soulagent, mais ne construisent rien de durable »

Pierre de Villiers

Telle est la réflexion que le général De Villiers a développé dans son dernier ouvrage : Paroles d’honneur, lettres à la jeunesse chez Fayard. 

Ancien Chef d’Etat-Major des Armées (CEMA), le général Pierre de Villiers va depuis six ans au contact des Français de toute condition, des salons feutrés du CAC 40 ou écoles en souffrance dans les banlieues. L’éducation est son maître-mot, la clé du redressement national. 

« Comme l’a dit Napoléon, la chance est la forme la plus élaborée de la compétence », rappelle le général. Rigueur, discipline, et excellence peuvent transformer les hommes et, par extension, la société. Ses années de service militaire lui ont offert une perspective unique sur le développement des individus, sur l’importance des valeurs, et la nécessité d’une structure solide pour guider la jeunesse, fermement et sûrement.

Le général de Villiers insiste aussi sur l’importance du noyau familial : « C’est ma femme qui est mon véritable chef, après Dieu », avoue-t-il en témoignant de la centralité de la famille et de la foi dans sa vie.

L’avenir de la France

« Je suis très préoccupé par l’avenir de mon pays », lance-t-il. « L’État de droit est devenu tellement complexe ». En tant que CEMA, il a de très nombreuses fois alerté le pouvoir politique et le président en particulier sur les dangers de notre démilitarisation. Depuis 2015, il préconise même un changement de paradigme face aux risques internes et externes auxquels la France doit faire face. C’est le manque de considération et de confiance qui a été à l’origine de sa démission. Il a voulu dénoncer l’aveuglement des politiques face aux bouleversements majeurs pour lesquels pourtant ils étaient correctement renseignés. Tout gouvernant se devait d’anticiper cette situation avec « courage ». Mais cette valeur est malheureusement absente chez nos responsables. « Ce sera certainement le sujet de mon prochain livre », poursuit-il.

L’engagement politique ?

À chaque rencontre publique le général Pierre de Villiers sait qu’il devra répondre à la question de ses ambitions politiques. « Je suis moi-même surpris par les gens qui régulièrement m’interroge, encore ce soir en allant à la boulangerie quelqu’un m’ayant reconnu, m’a interpellé pour que je m’engage en politique ». Mais malgré cette nouvelle notoriété, l’ancien chef d’État-major des armées, a réaffirmé qu’il ne voulait pas s’engager. « Ce n’est pas ma vocation, pas ma mission ». Pour lui, la politique est un métier qui n’est pas le sien, « je suis officier de l’armée française pas un politicien ». De surcroît il est conscient du sacrifice que cela représenterait pour sa famille qu’il veut à tout prix préserver. Et il conclue « Ma mission, c’est de transmettre, rien d’autre ». 

La jeunesse, toujours la jeunesse

Il préfère aujourd’hui se mobiliser sur la jeunesse et réaffirmer la nécessité de la guider. « Aujourd’hui, la nouvelle génération a besoin d’un changement majeur en commençant par l’éducation », insiste le général De Villiers : « Tout homme porte en lui une petite graine divine, la laïcité est un trésor à la condition que chacun se respecte. »

Pour le général, l’armée est un exemple à suivre en matière d’éducation : « L’armée est un laboratoire pour l’éducation. C’est la représentation du collectif. On y trouve la fraternité, le sens du bien commun, du pardon, ce qui a disparu dans notre société. »

Face à la médiocrité, la grandeur

« Aujourd’hui on fait face à la médiocrité et à la courtisanerie qui empêche d’agir pour le bien commun ! Il faut prôner la grandeur, l’honneur, des mots galvaudés qui ont du sens et dont la nouvelle génération de responsables a besoin. » Il rappelle que la France, en tant que nation, « ne s’est jamais réformée par la paix », soulignant l’importance du sacrifice, du défi et du dépassement de soi. Les chefs de demain devront être des « serviteurs » dont l’humilité sera la principale vertu. Il rappelle le sens étymologique de ce mot : du latin humilitas, dérivé du terme humus, désignant la terre. Le responsable de demain devra se réenraciner, proposer une gouvernance respectant le principe de subsidiarité. 

Il fustige le contraire de l’humilité : arrogance, prétention, suffisance. Des postures qu’il a associé notamment au pouvoir « jupitérien ». 

Humanité, unité, espérance

« Ma charpente repose sur un triptyque : l’humanité, l’unité et l’espérance », confie le général de Villiers. Il invite à intégrer ces piliers dans le système éducatif. Il ne s’agit pas de former uniquement les esprits mais d’élever aussi les âmes, en préparant les générations à naviguer avec intégrité et résilience dans les défis à venir. Par l’incorporation de ces principes d’humanité, d’unité et d’espérance, l’éducation peut devenir un instrument puissant pour le développement d’une société plus cohésive, respectueuse et tournée vers l’avenir.

« L’IEP a choisi de s’engager dans ce travail de redressement par l’unité, c’est ce que j’ai apprécié dans une de vos dernières publications, votre intuition est la bonne. » 

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